De l'eau pour les éléphants : la critique

Publié le par stormy

ATTENTION SPOILERS !!

"Du whisky pour les éléphants" eût été un titre plus approprié au nouveau film de Francis Lawrence. En effet, comme plus ou moins tous les personnages du long métrage, notre gentil pachyderme ne s'abreuve finalement pas tellement d'eau, vidant des seaux entiers d'alcool à la moindre occasion. 
Tout interdit attire plus qu'il ne dissuade. Et, prohibition oblige, champagne et whisky se voient retirés de la circulation. Officiellement, en tout cas, car en réalité, jamais soirées ne furent plus arrosées que dans De l'eau pour les éléphants

Mais venons-en au fait. Et notons pour commencer les points faibles de cette romance sur fond de cirque, avant de terminer sur ses qualités, plus nombreuses, et qui ont fini par l'emporter sur l'humble spectateur que je suis. 
Et si le bât blesse quelque part, c'est au niveau de la forme. Satisfaisante, correcte, mais somme toute très classique, et dégageant une pénible impression de déjà-vu (plus d'une fois). Chaque scène, on la voit dans sa tête avant qu'elle ne prenne forme sur l'écran. Un film des plus traditionnel donc, mais n'est-ce pas ce que l'on était finalement venu voir ? Un Cirque de Charlie Chaplin à la sauce Titanic...

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De l'eau pour les éléphants surprend ailleurs. Et d'abord dans la reconstitution plutôt réussie de cette époque désastreuse que connaissait le monde au début des années 20. Dans ces Etats-Unis en charpie, un cirque : un microcosme de la société, dans lequel les plus faibles se font éjecter du train pendant que les plus fort boivent du champagne dans le wagon principal. Une troupe d'artistes et de clowns en proie aux plus grandes difficultés financières. Un chef qui n'hésite pas à faire de la place dans les rangs pour se préserver de la chute. L'Amérique des années 20, c'est finalement ce train qui avance dans la nuit en semant derrière lui cadavres et laissés-pour-compte. "Le monde entier est un cirque", pour reprendre une réplique du film.

Dans cet environnement singulier, un triangle amoureux. Le médecin vagabond tombe amoureux de la femme d'Auguste, le patron. Condamnés à vivre leur idylle dans la menace constante, les deux jeunes gens se retrouvent à danser timidement devant un lit à baldaquin entre-ouvert - véritable antre menaçante dans laquelle dort Auguste, saoulé par le champagne. Constamment épiés, c'est dans l'ombre des barreaux d'une cage que les deux amoureux échangeront leur premier baiser, avant de recommencer sous les yeux d'Auguste et selon les instructions de son jeu cruel. Ne crevant pas non plus l'écran, Robert Pattinson et Reese Witherspoon font néanmoins "le boulot".

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Concluons avec l'étoile véritable de ce cirque : j'ai nommé Christoph Waltz, qui n'en finit plus d'étonner. D'une justesse incroyable et d'un talent rare, le comédien autrichien captive, et s'impose comme la figure marquante du film. Il incarne à la perfection ce personnage énigmatique et passionnant qu'est Auguste, métaphore du cirque à lui tout seul. Illusionniste de bout en bout, il trompe personnages et spectateurs, jouant avec eux sans fin, alternant sa bonhomie habituelle et ses accès de cruauté, qui dévoilent par à-coups sa véritable nature. La pauvre Rosie en fera plus d'une fois les frais, avant de rappeler à son propriétaire qu'un éléphant n'oublie jamais rien, dans un dénouement qui marquera le dernier lever de rideau d'Auguste (et donc, logiquement, la destruction du cirque tout entier).  

Sous ses apparences relativement classiques, De l'eau pour les éléphants brasse ainsi une matière réellement intéressante, portée aux nues par un Christoph Waltz impressionnant. 

 

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D
<br /> Enorme, je me sens en accord avec toi. Une fois n'est pas coutume. C'est fluide, c'est bien écrit, j'aime bien.<br /> <br /> Je trouve que tu n'insistes pas assez sur l'aspect intemporel de la capitale, à l'image de ce que tend à être l'oeuvre de Woody, comme le leitmotiv d'un mec dont la seule crainte serait de<br /> disparaître avec le temps. Ceci expliquerait donc l'obsession qu'a ce génie à lunettes de sortir, avec une ponctualité suisse, un film par an. Quitte à en rater quelques uns.<br /> <br /> Et parfois à sortir quelques perles de ses manches fatiguées, comme cette madeleine proustienne qui se déguste sans risque d'indigestion.<br /> <br /> Continue, c'est chouette en tout cas.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Hey !<br /> <br /> <br /> Merci d'avoir lu, c'est cool ! Et joli éclairage sur le Woody Allen ;)<br /> <br /> <br /> <br />